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  • Photo du rédacteurJC Duval

Banksy …

Un mur est une arme redoutable. C'est l'une des plus dangereuses avec laquelle vous pouvez frapper quelqu'un.

Banksy

 

"Du street-art dans un musée", c'est un concept qui me gêne un peu, aussi en ce samedi d'avril je suis un poil dérangé à l'idée d'aller à une expo sur Banksy. En même temps, on ne m'a pas forcé la main. Au final, ce qui me dérangera le plus c'est sortir de cet ancien parking et devoir traverser une boutique remplie de goodies.

Pour un pourfendeur du consumérisme comme Banksy, c'est troublant. 🙄


Bon … j'arrête de rognonner 😠, l'expo était plutôt bien faite, même si elle est classée FAKE sur le site officiel de Banksy.

 

Art urbain


Mouvement artistique contemporain, le "street-art" regroupe toutes les formes d’art réalisées dans la rue ou dans des endroits publics. En français, on parle d'art de rue ou art urbain. Ephémère, instantané, rapide, souvent interdit, son but est de faire passer un message. Aujourd'hui, il est souvent relayé sur le web et de manière quasi-systématique Banksy annonce et confirme au travers des réseaux sociaux.

Dans l'inconscient collectif, le monde du street-art est associé aux graffeurs avec leurs bombes aérosol et leurs gros marqueurs même si beaucoup d'autres formes existent : mosaïques, pochoirs, stickers, collages, installations …

Autre cliché, on oppose souvent le dessin à l'écriture, notamment les tags qui sont une signature et sont souvent assimilés à de la dégradation et à du vandalisme, ce qui n'est pas totalement faux, mais là peut-on encore parler d'art urbain. Cependant, c'est par ce biais qu'à une époque les graffeurs faisaient leurs armes et trouvaient leur style, ce qui semble moins vrai aujourd'hui. Au fil du temps et de mes pérégrinations parisiennes, j'ai pu constaté que l'art urbain s'est bien étoffé et s'est bien diversifié.

Pour les graffeurs, le train est moins une source d’inspiration qu’une matière première : un support particulier tant par ses proportions et sa texture que par sa mobilité au sein d’un réseau surveillé.

Aujourd’hui dans le milieu de l'art, un débat oppose l'opinion publique et les professionnels. Pour les uns, le street-art doit rester là où il est et ne pas faire son entrée sur le marché de l’art. Pour les autres au contraire, il n’y a aucune raison à ce que cette forme artistique ne s’insère pas dans les "circuits d’échanges à titre onéreux" comme on dit dans le milieu. Certaines œuvres se retrouvent ainsi vendues sur le second marché de l'art, au milieu d'une foule d'invités qui sirotent du champagne et mangent des petits fours. En général, leurs créateurs n'en 'dikavent' pas la couleur. Banksy n'échappe pas à la règle. Une version papier de "La fille au Ballon" vendue une 1ère fois aux enchères pour plus d'un million € et en partie détruite à l'issue de l'acquisition, a été revendue 3 ans plus tard chez Sotheby's pour la somme de 22 millions €. Une pure folie … Le marché de l'art s'est entiché de Banksy, mais l'arbre ne doit pas cacher la forêt. Pour survivre, les street-artistes réalisent une partie de leurs travaux en atelier et vendent directement leurs créations au grand public. Ils peuvent à juste titre être considérés comme d'honnêtes artistes-peintres.

Pour revenir aux peintures urbaines, certains entreprennent de les protéger in situ sous du plexiglas, remettant en cause leur aspect éphémère alors que d’autres entreprennent de les mettre dans un musée afin de les sauver de la destruction ou des enchères. Dans tous les cas, je trouve qu'on dénature l'esprit même du street-art.

Au fond la beauté est éphémère. Et à force de la voir, on ne la voit plus. Robert Soulières

Au détour des rues parisiennes

 

Un artiste engagé


Banksy autant apprécié que dénoncé, intervient aussi bien dans le domaine sociétal que politique et je dois dire que c'est plutôt percutant.


Ses thèmes de prédilection >>>

• La société de surconsommation

• L'esclavage moderne et les inégalités sociales

• Le racisme, la violence

• La guerre et la colonisation des territoires notamment cisjordaniens

• La politique anglaise : opposition au Brexit, soutien aux migrants

L'urgence climatique

• La spéculation du marché de l'art


En juin 2018, Banksy investit Paris et rend un hommage vibrant aux victimes de l'attentat de nov 2015 au Bataclan. Il peint sur la porte de secours, un enfant la tête baissée, un mouchoir à la main.

La porte dérobée …

On l'a retrouvée en Italie.

 

Droit d'auteur


En règle générale, l’auteur ne demande rien à personne. Il ne revendique pas un monopole, mais une liberté, celle d’exercer son art.


Les artistes de rue bénéficient ipso facto de la protection conférée par le droit d’auteur. Par conséquent ils sont protégés par le droit moral (droit au respect de l'intégrité de l'œuvre, droit au nom …) ainsi que par le droit patrimonial (contrôle et droit à être rémunéré si exploitation commerciale).


Mais si Banksy détient bien un droit d'auteur, il n'est pas recevable car il n'est pas en mesure de justifier en être le "propriétaire incontestable", sauf à perdre son anonymat. Pour contourner cet aléa, il a fait appel à un autre droit de la propriété intellectuelle - le droit des marques. Mais autre paradoxe … ce droit n'est pas plus recevable que le précédent. A "l'excellent" prétexte que les marques déposées ne font pas l‘objet d’une "exploitation réelle et sérieuse", l'office européen pour la propriété intellectuelle a arrêté que les produits dérivés des œuvres pouvaient être commercialisés par ailleurs.

Immoralité de cette histoire : Il ne faut surtout pas léser le consommateur …

Ah, quand l'argent s'en mêle, le droit de l'art devient très vite compliqué …


A qui appartiennent les œuvres de street-art ?

 

Banksy est-il riche ?


Un petit focus sur ses revenus, du moins ceux qui sont connus. Ils proviennent de 3 sources principales :

• de son site de vente en ligne*

• des droits d'auteur de son livre "Wall and Piece",

• des recettes liées à la parution de son film "Faites le mur".



Sa fortune est très difficile à estimer, mais il peut se permettre de parcourir le monde. Tout dépend des œuvres en sa possession, de sa volonté et des moyens utilisés pour les vendre. Pour la petite anecdote, il a vendu incognito des tableaux dans les rues de New York pour 50 $. Un coup de pub il est vrai, monté pour dénoncer les dérives du marché de l'art.


* Site qui authentifie ses œuvres et qui n'a rien en vente actuellement >>>

Pest Control is the 'only point of sale for new work from the studio'. There is currently "nothing" available.
 

Un artiste mécène

ou le monde à l'envers


"Changer la donne" 2020

Hommage à ceux qui luttent contre la pandémie


Au début du Covid, Banksy avait remis le dessin "Game Changer" à l'hôpital de Southampton. Si une reproduction de l’œuvre est restée près des malades, Banksy a souhaité un an plus tard que l'original soit vendu aux enchères. Je penche pour un acte prémédité ... Il a été adjugé chez Christie’s près de 20 millions €, un record, le tout ayant été reversé au service national de santé britannique. Bien joué. Voilà qui change la donne.

Thanks Banksy. 👌

 

Noël 2019 - Birmingham

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