"L’histoire ne dépend pas seulement du passé, elle peut aussi être influencée par le futur"
Le cantique des quantiques, de Ortoli et Pharabod.
J'avais terminé ma série de billets sur la relativité restreinte en parlant du lien qui unissait le temps et la physique quantique, notamment en citant John Wheeler et son "expérience à choix retardé".
"Je crois que ma vie en physique se divise en trois périodes (...) J'ai d'abord cru que tout était fait de particules (...). Dans ma seconde période que tout était fait de champs (...) Dans cette troisième, mon impression est que tout est fait d'information" John Wheeler
Interview d'Alain Connes à l'IHS, en 2014. Le passé bouge encore.
Univers observable
L'univers observable est en cosmologie, la partie visible de l'Univers qui est centrée sur moi. Il est la projection du cône de lumière de mon passé sur un plan qui me donne une image du monde.
Tous les événements qui sont sur ce cône sont reliés à moi ou à mon 'ici maintenant' comme on dit en relativité restreinte. La lumière me transmet leur image, et c'est seulement lorsque les événements sont à la surface de ce cône que je les perçois.
L'histoire d'un événement
Comme nous l'avons déjà vu dans un billet dédié au sujet, l'espace-temps est une structure géométrique, chacun de ses points étant un événement.
H. Minkowski dans sa représentation, plonge deux cônes de lumière dans l'espace-temps : un pour le futur, un pour le passé, chacun de ces cônes étant centré sur un observateur.
Sur cette animation en 2D, moi, petit point bleu, et mes cônes de lumière nous déplaçons dans l'espace-temps, emportés par le cours du temps. De ce fait, les événements défilent vers le bas.
• Lorsque l'événement, point rouge, sort du cône de mon futur, je ne suis plus en mesure de le rejoindre. Il faudrait que j'aille plus vite que la vitesse de la lumière. Il ne pourra plus jamais faire partie de mon histoire qui est matérialisée par ma ligne d'univers, la ligne rouge.
Lorsque l'événement franchit le cône de lumière de mon futur, il passe alors dans mon 'ailleurs'. Il devient violet. C'est dans cette partie de l'espace-temps qu'il va se 'réaliser', loin de mon regard. Je ne suis pas en mesure de savoir quand et où cela va se passer. Ce que je peux juste dire, c'est que l'évènement va se 'réaliser' quand il sera dans mon espace - ou sur mon plan espace dans la représentation de Minkowski. Pour un observateur placé dans un autre référentiel, l'événement se réalisera dans son espace soit avant, soit après moi.
Là dessus, la relativité restreinte est formelle, dans des référentiels distincts la notion de simultanéité n'existe pas.
• L'événement arrive ensuite sur la surface du cône de lumière de mon passé et c'est à cet instant précis que je le perçois 'réellement'.
• L'événement passe enfin dans le cône de mon passé. Il devient vert. Pour moi, il n'est plus qu'un souvenir.
En MQ, un état superposé n'est altéré qu'à partir du moment où une mesure est venue l'affecter. Les physiciens ont l'habitude de dire que la mesure force l'état du système à l'état mesuré.
L'expérience à "choix retardé" confirme que c'est à l'instant précis où je perçois l'événement - donc après qu'il se soit "réalisé" - qu'il semble prendre toute sa consistance.
Le présent semble décider de ce que sera le passé.
Au regard des théories physiques disponibles à la fin du XXeme siècle, "Le cantique des Quantiques" paru en 1984 pose la question de la réalité du monde. Le livre traite principalement de l'interprétation de la mesure en MQ et de ses implications philosophiques. Une post face ajoutée en 2007 aborde la très étrange inversion de l'ordre du temps qu'impliquent les expériences "à choix retardé" en MQ.
Exposé d'un élève de Centrale Lyon en 2013 - Le monde existe il ?
Etienne Klein - Existe t'il un temps quantique ?
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