'Si personne ne me le demande, je le sais ; mais si on me le demande et que je veuille l'expliquer, je ne le sais plus.'
Saint Augustin (354 – 430)
Il y a un paradoxe autour du mot temps, repéré par saint-Augustin au IVe siècle après J.-C. et reformulé plus récemment, d’une autre façon, par Paul Valéry : alors qu’il ne donne lieu à aucune difficulté quand il est engagé dans le train d’une phrase ordinaire, il devient très embarrassant dès qu’on le retire de la circulation pour l’examiner à part. Aussitôt qu’il est isolé des mots qui l’entourent, dès qu’il est extrait du flux verbal où on l’a mis, il se métamorphose en énigmes qui viennent tourmenter la pensée.
Qu’est-ce au juste que le temps ? S’agit-il d’une substance particulière ? Existe-t-il par lui-même ? N’est-il au contraire qu’une entité secondaire émanant des relations entre événements ? Dépend-il de nous ? Est-il un produit de la conscience ? Ressemble-t-il à ce que notre langage raconte à son sujet ? Est-il comme nous croyons le percevoir ou le vivre ? Avouons-le : nous ne comprenons pas comment un mot aussi familier peut engendrer des questions aussi difficiles.
Etienne Klein et Guido Tonelli
✧ Guido Tonelli, chercheur invité au CERN, professeur à l'université de Pise et l'un des principaux protagonistes de la découverte du boson d'Higgs.
Auteur de "Temps, les mystères de Chronos" (Dunod, 2023)
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